2015
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Jean-François Nieus, « Les chanoines, le comte martyr et l’écrit manipulé. Comment le prévôt de Saint-Donatien est devenu chancelier de Flandre », Bibliothèque de l'École des chartes, ID : 10.3406/bec.2015.464850
La charte de 1089 par laquelle le comte de Flandre Robert II de Jérusalem (1087/ 93-1111) aurait associé la charge de chancelier et la direction de son administration à la dignité de prévôt du chapitre Saint-Donatien à Bruges, célébrée depuis le xvie siècle comme l’acte de naissance de la brillante organisation institutionnelle de la principauté flamande, restait considérée comme authentique. Une étude diplomatique approfondie, jointe à un réexamen des plus anciennes données relatives à la chancellerie comtale ainsi qu’à une relecture du « journal » de Galbert de Bruges, démontre que le décret de Robert II est une mystification conçue par les chanoines de Saint-Donatien au milieu du chaos consécutif au meurtre du comte Charles le Bon (1119-1127). Ce recadrage critique permet non seulement de reconsidérer les débuts de la chancellerie flamande sous un nouveau jour, mais aussi de mieux comprendre, en aval de 1127, les rapports ambivalents entre le pouvoir princier et l’institution canoniale devenue le « siège central » de sa bureaucratie par la grâce d’un faux.