2020
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Melinda Zulejka Fodor, « Connecting Ancient and Modern: A Textual Study of Ghanaśyāma’s Ānandasundarī, a Prakrit Play by an 18th-Century Marathi Poet », Bulletin de l'École française d'Extrême-Orient (documents), ID : 10.3406/befeo.2020.6331
Parmi les textes indiens littéraires du XVIIIe siècle, le saṭṭaka intitulé Ānandasundarī de Ghanaśyāma est l’une des pièces les plus intéressantes, pour plusieurs raisons. Premièrement, dans une pièce de théâtre classique le sanskrit et des dialectes prakrits sont attribués à divers personnages pour indiquer leur statut social alors que dans un saṭṭaka, tous parlent la même langue : le prakrit. Cette distribuiton inhabituelle de langue a été appliquée pour la première fois par Rājaśekhara (IXe-Xe s.) dans sa Karpūramañjarī, qui est devenue le spécimen du genre saṭṭaka que les poètes tardifs ont pris pour modèle. Deuxièmement, depuis les premiers siècles de l’ère commune, le prakrit était, avec le sanskrit, l’une des langues littéraires classiques. Le sanskrit est resté largement pratiqué par l’élite jusqu’à la période de l’Inde prémoderne tandis que le nombre de connaisseurs du prakrit a diminué considérablement. Savoir écrire en prakrit était donc un signe d’érudition. Troisièmement, les savants du siècle dernier pensaient que les poètes après Rājaśekhara avaient progressivement cessé de produire des pièces de théâtre classique, et que celles-ci étaient graduellement tombées en désuétude. L’Ānandasundarī de Ghanaśyāma est la dernière pièce représentative du genre saṭṭaka qui nous soit parvenue, cela prouve que le drame classique était encore apprécié à l’époque de l’auteur. Quatrièmement, Ghanaśyāma vivait à Thanjavur, à une époque où les termes aux sens multiples, les jeux de mots et la parole oblique étaient en vogue. La langue prakrite se prête naturellement à la polysémie. Finalement, les innovations qu’il réalisa dont l’introduction des méta-théâtres, sont remarquables et méritent une attention particulière. L’étude textuelle de l’Ānandasundarī révèle le concept de beauté poétique de Ghanaśyāma.