2020
Copyright PERSEE 2003-2023. Works reproduced on the PERSEE website are protected by the general rules of the Code of Intellectual Property. For strictly private, scientific or teaching purposes excluding all commercial use, reproduction and communication to the public of this document is permitted on condition that its origin and copyright are clearly mentionned.
Nicolas Mollard, « Économie des plantes médicinales, réseaux savants et méthodes scientifiques dans le fief de Satsuma : une lecture de la Pharmacopée en questions (Shitsumon honzō 質問本草) », Bulletin de l'École française d'Extrême-Orient, ID : 10.3406/befeo.2020.6333
L’essor des savoirs naturalistes (honzōgaku 本草学) dans le fief de Satsuma au sud du Japon à la fin du XVIIIe siècle revient largement aux efforts d’un daimyō éclairé, Shimazu Shigehide. Durant son règne, entre 1758 et 1787, il créa des jardins des plantes et un institut de médecine, engagea des médecins-naturalistes, fit mener des enquêtes à grande échelle sur la flore et la faune du sud Kyūshū et de l’archipel des Ryūkyū. Il entendait ainsi non seulement nourrir l’esprit scientifique en son domaine, mais surtout en favoriser le développement économique pour faire face à un taux d’endettement inquiétant. À travers l’analyse du Shitsumon honzō 質問本草 (Pharmacopée en questions), un manuscrit qui rassemble les résultats d’enquêtes botaniques menées de 1781 à 1786 et impliquant les missions diplomatiques ryukyuanes en Chine, j’essayerai de mieux cerner quelques aspects de l’évolution des savoirs naturalistes à la fin de la période d’Edo : comment furent-ils mobilisés pour encourager l’exploitation des ressources régionales, quel fut le rôle de la route des Ryūkyū dans les échanges commerciaux et intellectuels en Asie orientale, et selon quelles méthodes parvint-on à identifier les échantillons de plantes.