1973
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Waldemar Espinoza Soriano, « Los grupos étnicos en la Cuenca del Chuquimayo, siglos XV y XVI », Bulletin de l’Institut Français d’Études Andines, ID : 10.3406/bifea.1973.1436
1. Dans les provinces actuelles de San Ignacio et Jaén (département de Cajamarca, Pérou), ont vécu de nombreux groupes ethniques dont il n'existe plus aucun représentant, ce qui empêche d'en faire une étude ethnologique. Le seul moyen qui nous reste pour connaître quelque chose d'eux est constitué par les sources écrites des seizième et dix-septième siècles. 2. On a cru à tort que l'un des groupes ethniques les plus représentatifs de la province de Jaén était celui appelé Pacamuros ou Bracamoros, groupe que l'on situait dans l'angle formé par les rios Chinchipe et Marañón. Les documents historiques montrent que ce groupe était installé dans le bassin du rio Zamora, dans la partie centrale de la nouvelle province équatorienne de Santiago-Zamora. 3. Les groupes ethniques des provinces de San Ignacio et Jaén étaient concentrés préférentiellement dans les bassins de rios Chuquimayo ou Chinchipe, Chirinos, Tabaconas et à l'Ouest du Marañón. Ils travaillaient des terres de cordillère froides et d'autres situées en forêt chaude où l'humidité est constante et la flore très développée. 4. Les groupes ethniques furent les suivants : I) Nehipe ou Chuquimayo ou Chinchipe, 2) Chirinos, 3) Perico, 4) Pacaraes, 5) Mandinga, 6) Tabancaras, 7) Joroca, 8) Jolluca, 9) Llanaueconi, 10) Tomependa, 11) Chamaya, 12) Bagua, 13) Copallin, 14) Canas de Cacahuari o Lomas del Viento, 15) Comechingon, 16) Huambucos, 17) Maracacona, 18) Moqui, 19) Girapaconi, 20) Tamborapa et quatre autres qui ont vécu a proximité des sources du Chinchipe et le long du Marañón mais dont nous ignorons les noms. Les espagnols ont appelé chaque groupe provincia. 5. Les Tabaconas et les Huambos furent deux curacazgos ou royaumes andins de langue rurashimi qui se situaient respectivement à l'Ouest et au Sud des groupes humains déjà cités. Ils ont fait partie de l'Empire des Incas. 6. Les groupes de Jaén ont pratiqué une agriculture de subsistance ; la base de l'alimentation était le maïs, le manioc, la patate douce et les haricots. La boisson provenait du maïs et du manioc. Ces groupes avaient des pâturages et des auquénidés ; ils tissaient, la laine et le coton. L'habillement était constitué par des chemises dont les dimensions variaient d'une nación à l'autre. Il en était de même pour la coiffure qui allait des tresses les plus longues à la coupe totale de la chevelure. 7. Un caractère culturel particulier à certains d'entre eux (Nehipe, Perico et Bagua) était le salut effectué en léchant la main de la personne reçue. Ils parlaient plusieurs langues dont la plus commune était le patagón. 8. Ils préféraient se déplacer en utilisant des pirogues plutôt que des sentiers et savaient construire des ponts suspendus de lianes. Ils ont été d'extraordinaires nageurs et traversaient les torrents en portant leur charge sur la tête ou à la main. 9. Ils ne constituèrent jamais des états organisés et unifiés mais d'authentiques seigneuries (behetrías) dans lesquelles les groupes vivaient indépendamment les uns des autres. Us n'ont formé de confédération que dans les cas de danger. Les villages étaient petits et les maisons circulaires avec une charpente de bois et un toit de paille. Chaque famille avait en moyenne trois enfants. 10. Comme tout groupe humain de culture marginal de (marginale) non englobé dans un état organisé, ils ont été de grands défenseurs de la liberté pour laquelle ils se sont battus. Ils avaient des lances, des sabres, des dards, des flèches et des boucliers de bais et de peau, tout comme des poignards d'os. Durant les batailles, des hommes et des femmes combattaient dans la nación de Bagua. 11. A partir de 1549 tous ces groupes ethniques ont été répartis sous forme d’encomiendas et remis à plusieurs espagnols qui conquirent et s'approprièrent les terres de Jaén. 12. L'invasion européenne a été à l'origine de graves difficultés psychologiques et biologiques. Le travail obligatoire dans les laveries d'or, l'imposition du tribut, la rougeole et la variole ont peu à peu décime ces groupes. Si, en 1549, on comptait 20,000 tributaires, il n'y en avait pas plus de 1500 en 1606 ; au dix-neuvième siècle, ils avaient presque tous disparu. Les deux derniers huambucos sont morts dans le village de Santa Rosa il y a approximativement douze ans. 13. La documentation ethnohistorique existante ne nous permet pas de nous avancer davantage sur d'autres détails de la culture spirituelle et matérielle des ethnies du bassin du Chuquimayo. En conséquence, nous ne pouvons pas dire plus de la structure familliale, de la vie sociale des individus, de leur organisation politique, de leur économie, de leurs rituels et croyances, de leurs connaissances et traditions. Il n'y a que par analogie avec d'autres groupes de même niveau culturel que l'on pourrait arriver à une meilleure connaissance de ceux-ci.