1994
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Jean Guichard et al., « Les activités culturelles et de loisirs des adolescents : une approche de la diversité des habitus sociaux. », L'Orientation scolaire et professionnelle (documents), ID : 10.3406/binop.1994.1503
Cet article est le premier d’une série de trois qui s’interrogent sur les rôles que jouent respectivement l’expérience scolaire actuelle des adolescents et leur habitus culturel dans la formation d’un système représentatif leur permettant de juger des professions. En vue de mettre en évidence les différences d’habitus, 573 jeunes d’environ 17-18 ans et fréquentant 6 voies différentes de formation (premières A, F2, F8 et S, B.E.P. C.A.S. et apprentis mécaniciens) ont répondu à un questionnaire relatif à leurs activités culturelles et de loisirs. L’analyse de leurs réponses révèle des «familles» de pratiques «allant ensemble» et exclusives les unes des autres. Il apparaît ainsi d’importantes différences entre des activités qui peuvent être qualifiées de «féminines» ou de «masculines». Certains s’investissent massivement dans des loisirs, soit «populaires», soit «distinctifs », que d’autres rejettent. Ces choix et rejets concomitants sont articulés d’une manière particulièrement fine : un arbre de classification hiérarchique permet de distinguer des figures de pratiques qui peuvent être proches tout en étant différentes (par exemple : celles de la jeune fille «distinguée classique» et celles de la jeune fille «distinguée moderne»). Ces choix culturels sont fortement liés à la formation suivie (et ne le sont qu’assez peu à la profession du père ou de la mère). Il n’est donc pas surprenant que ce soit dans les filières les plus prestigieuses du lycée (S et A2) qu’on observe le plus de «pratiques distinguées» et en B.E.P. de «goûts populaires». Cette liaison n’est cependant pas absolue : on trouve dans chacune des formations des jeunes dont les choix sont dissonants par rapport à ceux «typiques» dans leur formation. Ces résultats peuvent être interprétés en termes de différences entre leur habitus primaire (familial) et l'habitus implicitement présupposé dans la formation où ils se trouvent actuellement.