Un exemple de spécialisation trophique chez les Lépidoptères : les Cymothoe camerounaises inféodées aux Rinorea (Violacées) (Lepidoptera, Nymphalidae)

Résumé En Fr

The researches carried out on early stages of Cymothoe (J.-L. A.) and on systematics of Rinorea (G. A.) show that the 41 species of Cymothoe the hostplants of which are known feed either on various Flacourtiaceae (13 species) or on Violaceae belonging to the genus Rinorea (28 species). These last 28 species show a very high degree of trophic specialization : two thirds of them are monophagous, the others being stenophagous, with 2 to 6 species of host-Rinorea, usually closely related. The relations between the beographic distributions of Cymothoe and of Rinorea are analyzed. Various field observations of the laying behaviour of females are reported, as well as the results of choice experiments, which confirm the trophic specificity and show that, as soon as they hatch, larvae are able to recognize their food plant, even though they do not have to find it in nature. The ecological significance of this specialisation is discussed ; it does not seem to be related to a possible interspecific competition.

Les recherches effectuées au Cameroun sur les premiers états des Cymothoe (J.-L. A.) et sur la systématique des Rinorea (G. A.) montrent que les espèces de Cymothoe dont les plantes-hôtes sont connues (41 espèces) se nourrissent soit de diverses Flacourtiacées (13 espèces), soit de Violacées du genre Rinorea (28 espèces). Dans le second cas, la spécialisation trophique est très étroite : les deux tiers des espèces sont strictement monophages, les autres sténophages (avec de 2 à 6 espèces de Rinorea-hôtes, en général étroitement affines). Les rapports entre la distribution géographique des Rinorea et celle des Cymothoe sont analysés. Diverses observations sur le comportement de ponte des femelles et quelques expériences de choix faites en laboratoire sont rapportées : elles confirment la spécificité trophique et montrent que, dès l'éclosion, les larves savent reconnaître leur plante nourricière, bien que dans la nature elles n'aient pas à trouver celle-ci. La signification écologique de cette spécialisation est discutée ; elle paraît sans rapport avec un éventuel phénomène de compétition interspécifique.