2007
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Éric Gaumé, « Les dépôts de palets et de disques en schiste du Néolithique ancien : des stocks de produits semi-ouvrés ? Oui, mais encore ? (Précisions pratiques avec le savoir-faire ancestral des fendeurs manuels d'ardoise dans les Massifs armoricain et ardennais) », Bulletin de la Société préhistorique française, ID : 10.3406/bspf.2007.13647
Les armatures perçantes plates en roche et en os polis sont typiques de la fin du Néolithique dans les Alpes occidentales. Celles qui sont réalisées en roches tenaces (serpentinites et amphibolites) proviennent des vallées internes des Alpes suisses (Valais), italiennes (Val d’Aoste, Piémont) et françaises (Savoie). Des sites producteurs sont connus à Bessans (Savoie) et à Roreto (Piémont), tandis que des pièces inachevées sont recensées sur plusieurs sites des Alpes internes. L’approche contextuelle des découvertes permet de démontrer que les productions sont réalisées sur les gîtes de matériau ou à proximité immédiate. Une succession opératoire simple peut être décrite d’après les données archéologiques: des supports plats (plaquettes minces) sont mis en forme par retouches puis polis. L’obtention des supports et le processus suivi dans l’élaboration, difficiles à comprendre sur les objets archéologiques, nécessitent une approche expérimentale, réalisée en 2003. Les résultats obtenus permettent de proposer l’existence d’une seule chaîne opératoire. Retenons que: les supports sont débités ou délités à partir de petits blocs massifs qui présentent une faible mais réelle schistosité; le recours à la chauffe n’est pas nécessaire; l’obtention des supports est l’étape décisive de la chaîne opératoire: leur bon calibrage dans l’épaisseur conditionne la régularité de la pointe et un moindre temps de travail pour le façonnage; le façonnage est rapide (entre une demi-heure et une heure), par retouches au percuteur de pierre suivi d’un polissage plus ou moins couvrant. Toutes les formes et les dimensions connues peuvent être reproduites sans réelle variation de difficulté. La différence de savoirfaire apparaît dans la symétrie de la pointe et dans la rectitude des arêtes latérales. Au bilan, les pointes en roches polies ne nécessitent pas un savoirfaire très développé pour des groupes humains habitués au travail des roches tenaces pour les lames de hache. Cependant, pour obtenir les meilleurs résultats, le recours à des gîtes autochtones ou subautochtones (roches en place ou éboulis) est impératif.