2012
Copyright PERSEE 2003-2023. Works reproduced on the PERSEE website are protected by the general rules of the Code of Intellectual Property. For strictly private, scientific or teaching purposes excluding all commercial use, reproduction and communication to the public of this document is permitted on condition that its origin and copyright are clearly mentionned.
Claude Sand et al., « Archéologie en Mélanésie : données du site côtier WBR047 des « Écrins de Poé » (Bourail, Nouvelle-Calédonie) », Bulletin de la Société préhistorique française, ID : 10.3406/bspf.2012.14172
Cet article présente une synthèse des fouilles menées en 2007 sur le site de bord de mer WBR047 des «Écrins de Poé » , dans la région de Bourail, sur la côte ouest de la Grande Terre de la Nouvelle-Calédonie. Ce programme avait pour objectif d’étudier une phase archéologique encore trop peu connue de la chronologie culturelle de cet archipel mélanésien, entre la fin du premier millénaire avant J.-C. et le début du deuxième millénaire après J.-C. Le site archéologique, divisé en deux secteurs, couvrait une superficie totale d’un peu plus de 5 hectares. L’ouverture d’une série de tranchées et la réalisation de fouilles spatiales sur plusieurs zones riches en vestiges, ont permis de mettre au jour des stratigraphies souvent bien conservées. Alors que dans le secteur 2, les sondages ont montré la disparition des principaux niveaux archéologiques, dans le secteur 1, face au bord de mer, les fouilles ont permis d’individualiser une extension progressive d’un cordon littoral au cours des derniers 2 000 ans, s’appuyant sur une dune de sable. Cette évolution spatiale du site s’est faite en parallèle à une série d’occupations humaines discontinues. La découverte de vestiges d’installations pérennes (trous de poteaux, foyers/ fours, fosses dépotoirs) permet de suivre l’évolution des dynamiques d’occupation au cours du temps. La réalisation de nombreuses datations 14C permet de placer ces occupations anthropiques principalement entre le milieu du premier millénaire avant J.-C. et le milieu du premier millénaire après J.-C. L’extension de la plaine de bord de mer après cette époque apparaît avoir provoqué un changement d’utilisation du site, qui a durant la deuxième moitié du premier millénaire après J.-C. été principalement utilisé comme lieu de sépulture. L’étude des nombreux vestiges de poteries découverts lors des fouilles apporte des précisions importantes sur les évolutions céramiques de cette période intermédiaire de la chronologie calédonienne. Les occupations les plus anciennes sont caractérisées par la production de poteries carénées imprimées au battoir, de la tradition de Podtanean. Celles-ci sont remplacées à partir du milieu du premier millénaire avant J.-C. par des poteries incisées et imprimées de la tradition de Puen. Un des résultats les plus importants issus de l’étude du matériel céramique des «Écrins de Poé » est la démonstration d’un chevauchement, au cours de la première moitié du premier millénaire après J.-C., des traditions Puen et Plum. Cette dernière est caractérisée par des poteries ovales comportant des anses horizontales. La découverte de seulement quelques tessons de la tradition céramique de Néra, produite durant le deuxième millénaire après J.-C., démontre un abandon quasi complet du site durant la dernière partie de la chronologie culturelle pré-européenne de l’île. En complément des poteries, les fouilles ont mis au jour des herminettes de différents types, chacune associée à une période chronologique. Associés à cet outillage poli se trouvaient des polissoirs, des percuteurs et quelques rares éclats lithiques. Les parures étaient principalement composées de bracelets extraits des coquilles de Conus et de Trochus. Les fouilles ont mis au jour un nombre important de chutes de production, indiquant une fabrication locale. Contrairement aux herminettes, les analyses ne montrent pas d’évolutions typologiques marquées pour les parures au cours du temps. Les fouilles menées en 2007 ont enfin permis l’étude de 13 sépultures, renfermant des corps enterrés dans différentes positions. Seule une tombe a été datée du premier millénaire avant J.-C., toutes les autres étant concentrées durant la deuxième moitié du premier millénaire après J.-C. L’analyse réalisée sur ces vestiges est un apport essentiel à la connaissance de la diversité des traditions d’inhumation caractérisant les populations de la phase intermédiaire de la chronologie calédonienne.