2015
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Léa Feyfant et al., « Exploitation du cheval au Magdalénien supérieur dans le Sud-Ouest de la France : le cas de l’abri Faustin (Cessac, Gironde) », Bulletin de la Société préhistorique française, ID : 10.3406/bspf.2015.14597
Le Magdalénien supérieur se développe durant la fin de l’épisode d’Heinrich 1 (Dryas ancien) et l’interstade du Bölling. Cette période est marquée par une recomposition des biotopes et la réouverture de territoires pour les groupes humains. Cette culture connaît dorénavant une extension à l’échelle de l’Europe et plusieurs modèles de mobilités territoriales sont proposés dans différentes régions (Bassin parisien, plateau Suisse, Rhénanie). Ces modèles sont basés sur l’alternance saisonnière de chasses spécialisées sur le renne et le cheval ou de chasses de ces ongulés en proportion égale. Dans le Sud de la France, les spectres de chasse se diversifient au profit d’ongulés forestiers ou montagnards mais également de petits gibiers. Les chasses spécialisées y sont exceptionnelles. L’abri Faustin, situé dans le Nord du Bassin aquitain, est un des rares gisements du Sud-Ouest de la France appartenant au Magdalénien supérieur ayant livré un spectre faunique majoritairement dominé par le cheval. Malgré cette singularité, ce gisement n’a jamais fait l’objet d’une étude archéozoologique détaillée. De nouvelles datations récemment effectuées dans le cadre du projet «Magdatis » ont permis de confirmer une occupation contemporaine de l’interstade du Bölling. Nous proposons ici une étude détaillée des stratégies de prédation, de transport ainsi que des pratiques bouchères employées sur le cheval au cours du Magdalénien supérieur. L’étude taphonomique a mis en évidence une excellente préservation des restes osseux et dentaires permettant la mise en oeuvre d’une étude archéozoologique à haute résolution. Par ailleurs, les remontages montrent une dispersion limitée des vestiges. Le cheval est l’espèce dominante en termes de nombre de restes et de quantité de ressources, même si son exploitation ne marque pas une spécialisation dans les activités pratiquées sur le site. Les Magdaléniens ont privilégié les groupes familiaux, plus prévisibles, aux groupes de célibataires. Les indices de saisonnalité révèlent que les épisodes de chasse se sont répartis tout au long de l’année. La présence de toutes les portions squelettiques sur le gisement et de restes de foetus va dans le sens d’un transport de carcasses entières. Cela nous amène à conclure que le site d’abattage devait se trouver dans les environs immédiats de l’abri. La reconstruction de la chaîne opératoire de boucherie montre que le cheval a été exploité pour ses ressources alimentaires (viandes, moelles et graisses) mais également utilitaires. Les résultats de notre étude révèlent de nombreux points de convergence avec les gisements dominés par le cheval et contemporains de l’occupation de l’abri Faustin en Rhénanie, sur le plateau Suisse et dans le Bassin parisien (Bignon, 2003 ; Street et al., 2006 ; Müller, 2014) : saison et tactique de chasse, proximité du lieu d’abattage et du lieu de traitement des carcasses, exploitation à des fins alimentaires et utilitaires. Ces observations vont dans le sens d’une certaine homogénéité dans le mode d’exploitation de cet ongulé à l’échelle de l’Europe pour le Magdalénien supérieur.