2008
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Jacques Barou, « Mixité sociale et accès au logement : un couple antagonique ? », Revue des politiques sociales et familiales, ID : 10.3406/caf.2008.2408
La notion de « mixité sociale » est régulièrement invoquée comme l’objectif idéal des politiques urbaines et des politiques d’habitat. Afin de parvenir à cet objectif, les pouvoirs publics tentent d’exercer un certain contrôle sur l’accès au logement des catégories susceptibles de porter atteinte à la cohésion sociale qu’ils tentent de promouvoir ou de maintenir dans les espaces urbains. En ce sens, il est permis de se demander s’il n’y a pas un certain antagonisme entre la volonté de promouvoir ou de maintenir la mixité sociale et la liberté, voire la possibilité d’accéder à un logement de son choix. Dans le secteur HLM, l’inquiétude des bailleurs vis-à-vis de catégories jugées potentiellement à risques dans un contexte d’affirmation du droit au logement a entraîné le développement de médiations de la part d’acteurs associatifs. La loi du 31 mai 1990 a fait de ces associations des auxiliaires de l’action publique pour le logement des populations défavorisées. Plutôt que d’appuyer des initiatives communautaires comme leurs homologues britanniques, les associations se sont efforcées de créer des couloirs d’accès au logement social ordinaire, dans une optique de dispersion conforme à l’objectif de maintien de la mixité. Ainsi, certaines catégories difficilement acceptées par les bailleurs, comme les jeunes issus de l’immigration, parviennent à se loger par l’intermédiaire des associations spécialisées. L’inconvénient de cette procédure tient à la mise en concurrence progressive des associations qui, pour développer leur action, ont tendance à appuyer des publics défavorisés mais porteurs d’un capital social potentiel qui rassure les bailleurs. Le succès considérable de l’appui à l’accès au logement de réfugiés statutaires dans le département du Rhône dévoile un certain risque d’inégalité des chances entre catégories défavorisées dans un contexte de rareté de l’offre.