Anticléricalisme et Ecclésiologie : Pierre le Vénérable, le moine Guillaume et les hérétiques

Résumé En Fr

The anticlericalism of heretical sects in 11th and 12th century Western Europe has often been emphasized. This study goes back over the anticlerical behaviours of Pierre de Bruis and of Henri -so called Henri de Lausanne -and their followers, and attempts to elucidate how they can be explained through their notion of the Church as different from the one promoted by their contesters, Pierre the Venerable and «monk Guillaume ». Questioning and rejecting the sacerdotal ministry were for the heretics the consequence of their refusal of any mediation, be it a mediation through Christ, between the Creator and its Creature. But the defenders of orthodoxy, and especially Pierre the Venerable, also addressed the clergy made responsible for eradicating heresy : they reminded priests and bishops of their apostolic mission, the legacy of Christ, within the Church. However there is a great difference between the heretics’ anti-sacerdotalism and the reforming tone of the treaties which refute that challenge.

L’anticléricalisme des sectes hérétiques du Moyen Age occidental aux XIe et XIIe siècles a été souvent souligné. La présente étude rappelle les comportements anticléricaux de Pierre de Bruis et d’Henri, dit de Lausanne, et de leurs disciples, et elle se propose de montrer comment ils peuvent s’expliquer au nom d’une conception de l’Église différente de celle défendue par leurs contradicteurs, Pierre le Vénérable et le «moine Guillaume ». La contestation et le rejet du ministère sacerdotal par les hérétiques sont la conséquence de leur refus de toute médiation, y compris de la médiation christique, entre la Créature et le Créateur. Mais les défenseurs de l’orthodoxie, et surtout Pierre le Vénérable, s’adressent aussi au clergé chargé d’éradiquer l’hérésie : ils rappellent aux prêtres et aux évêques leur mission apostolique, héritage christique, dans l’Église. Il y a toutefois une grande différence entre la contestation anti-sacerdotale des hérétiques et les accents réformateurs des traités qui la réfutent.