2019
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Robert Ian Moore et al., « Célibat, mariage et réforme : le problème dans le Midi », Cahiers de Fanjeaux, ID : 10.3406/cafan.2019.2306
Les ermites, les saints hommes et les saintes femmes étaient présents et exerçaient une influence à peu près partout dans l’Europe des XIe et XIIe siècles, mais ils ne furent traités comme hérétiques que rarement et dans des circonstances exceptionnelles. Pourtant, la comparaison entre (par exemple) ceux de l’Angleterre anglo-normande des décennies 1130 et 1140 et les bons hommes et bonnes femmes du Midi à la fin du XIIe et au début du XIIIe siècle suggère que leur spiritualité et leur place sociale étaient pour l’essentiel très semblables, quoique perçues, puis gardées en mémoire, de façons très différentes. On soutient ici que la divergence de destin entre les uns et les autres ne s’explique pas par le type de religion des «cathares », mais par la divergence des trajectoires sociales et gouvernementales du Midi et de l’Europe septentrionale au XIIe siècle, tout spécialement par l’incapacité de l’Église à passer une alliance avec la noblesse de la région par le biais des nouvelles structures du mariage et de la sexualité, sur lesquelles, ailleurs, le succès de la réforme grégorienne se fonda.