2019
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Jacques Berlioz et al., « La chair dans les recueils d'exempla méridionaux (XIIIe-XIVe siècles) », Cahiers de Fanjeaux, ID : 10.3406/cafan.2019.2313
Pour déterminer quelle est la place de la chair dans les récits exemplaires médiévaux du Midi, trois recueils ont été retenus : le ms latin 3555 de la Bibliothèque nationale de France ; le recueil dit du frère Sachet ; la Scala coeli de Jean Gobi le Jeune. Mais tout d’abord, en élargissant ce corpus, a été analysé grâce aux méthodes d’analyse statistique le sens de caro dans la littérature pastorale : en dehors de l’aspect de nourriture, caro chez les prédicateurs se trouve pris dans une forte opposition entre concupiscentia et mortificatio. Moralité binaire qui ne surprend guère. Caro renvoie simplement à la grande opposition, essentielle dans le système de représentation médiéval, entre caro et spiritus. Est ensuite étudié où se présentent dans les recueils retenus les exempla destinés à contrôler la sexualité et comment la notion de «chair» (caro, et ses dérivés), dans le sens du contrôle sexuel, est offerte : la matière est, en règle générale, disséminée le long des œuvres. Puis est proposé un aperçu thématique de ce type de récits à travers le ms BnF, lat. 3555 : punition des luxurieux ; damnation de l’âme ; condamnation de l’adultère ; résistance à la luxure. Chez Jean Gobi mulier, la femme de qualité s’oppose à femina , la mauvaise femme, la femme pécheresse. En conclusion, trois remarques. Les récits intéressant la «chair » et le contrôle de la sexualité représentent une part significative des récits : 10 % pour l’un, 16 % pour le Sachet, et 6% pour la Scala coeli. Bien des récits empruntent au fonds commun des anecdotes condamnant la luxure (ou promouvant la chasteté), mais les auteurs méridionaux aiment proposer des récits ancrés dans le Midi, même si le contrôle sexuel n’est pas le seul à bénéficier de ce traitement particulier. Enfin, les clercs sont peu directement condamnés : le public visé semble bien être celui des laïcs à travers des exempla mettant parfois en scène des clercs. La Réforme grégorienne ne paraît pas, en cette fin du XIIIe siècle et au début du XIVe siècle, faire recette.