2019
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Michelle Armstrong-Partida et al., « Mariage clérical et masculinité sacerdotale dans la Catalogne du XIVe siècle », Cahiers de Fanjeaux, ID : 10.3406/cafan.2019.2321
Dans la Catalogne du XIVe siècle, des prêtres de paroisse formaient avec des femmes des unions qui avaient tout du mariage, sauf le nom. Les archives des visites épiscopales des diocèses de Gérone, Barcelone, Vic et Urgell montrent qu’ils étaient en mesure de concilier leurs familles et leurs maisonnées avec leur profession, en dépit des prohibitions édictées par l’Église à l’encontre du mariage clérical. Le fait que tant d’ecclésiastiques reçus dans les ordres sacrés pour devenir prêtres de paroisse aient cependant pu s’engager dans des mariages de facto et entretenir leurs enfants indique que même si les normes de l’Église avaient changé depuis la réforme grégorienne, tel n’était pas le cas des coutumes du bas-clergé. D’innombrables hommes d’Église passaient outre aux ordres de se défaire de leur femme et de leur famille, malgré les menaces d’excommunication et les amendes épiscopales répétées qui s’appliquaient, sans régularité toutefois, à la population cléricale. À en juger par la grande quantité de prêtres qui persistaient dans ces mariages de facto, la charge financière des amendes était en définitive tolérable, non seulement parce que ces hommes d’Église étaient émotionnellement attachés à leurs familles, mais aussi parce que le rôle de paterfamilias placé à la tête d’un foyer avec femme et enfants avait une importance centrale du point de vue de la masculinité de ces hommes d’Église. Ce n’étaient pas simplement la preuve d’une activité sexuelle et l’existence d’une progéniture qui conféraient le statut masculin dans les paroisses de Catalogne à la fin du Moyen Âge. Les prêtres fondaient des foyers parce que la masculinité adulte, telle que la société médiévale la définissait, impliquait d’endosser les rôles de mari et de père.