L’hérésie dans le jeu des pouvoirs en Occitanie

Résumé En Fr

During the twelfth century Occitania, and in particular the county of Toulouse, was progressively identified by a series of Church Councils, the first at Toulouse itself in 1119, as the epicentre of organised dualist heresy in Latin Christendom. The eradication of heresy in the region was the object of two papal missions, in 1145 and 1178, and a military expedition headed by a papal legate, in 1181, before the proclamation of the Albigensian crusade in 1208. All of these moments coincided with crises both in the internal affairs of the region and in its relations with external powers, which represented themselves as the defenders of the Catholic faith. Hence the questions : how accurate was the account of the growth of heresy in the region constructed by its enemies ? and how far did the construction of that account itself reflect wider differences in the internal political development of Toulouse and its neighbours ? It was in those differences, not in the religious beliefs of its inhabitants, that Toulouse became increasingly, and at last unsustainably, distinct from other European powers of the period.

Au cours du XIIe siècle, l’Occitanie, et en particulier le comté de Toulouse, fut progressivement identifiée par une série de conciles – le premier à Toulouse même, en 1119 – comme l’épicentre, dans la Chrétienté latine, d’une hérésie dualiste organisée. L’éradication de l’hérésie dans la région fit l’objet de deux missions pontificales, en 1145 et 1178, et d’une expédition militaire conduite par un légat du pape en 1181, avant la proclamation de la Croisade albigeoise en 1208. Tous ces moments coïncidèrent avec des crises aussi bien dans les affaires intérieures de la région que dans ses relations avec les pouvoirs extérieurs, lesquels se présentaient comme les défenseurs de la foi catholique. D’où ces questions : dans quelle mesure les tableaux de la montée de l’hérésie dans la région, produits par ses ennemis, étaient-ils exacts ? et à quel point la production de ces tableaux elle-même reflétait-elle une différenciation plus profonde des évolutions politiques internes entre le Toulousain et les pays extérieurs ? C’est du fait de cette différenciation, et non des croyances religieuses de ses habitants, que Toulouse se distingua progressivement, et en définitive de façon insoutenable, des autres pouvoirs européens de l’époque. (Trad. fr. J. Théry)