1973
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Bernard-Philippe Groslier, « Pour une géographie historique du Cambodge », Les Cahiers d'Outre-Mer, ID : 10.3406/caoum.1973.2672
Les rapports que le royaume khmer a entretenus avec son milieu naturel suscitent l'attention de l'historien et du géographe. Certes, lors de sa plus grande expansion, l'Etat angkorien s'est inscrit dans un domaine de terres relativement basses correspondant au bassin moyen et inférieur du Mékong. Mais c'est là une relation d'une telle généralité qu'elle est peu significative. Il est au contraire très remarquable que l'Etat angkorien n'ait pas attaché de prix à ce qui nous paraît être une articulation essentielle de l'Indochine intérieure, le confluent du Mékong et du Tonlé Sap. Ce site, dont nous croirions qu'il est d'une importance écrasante, n'a pas retenu l'attention des grands Angkoriens ; il a fixé la capitale seulement après la décadence angkorienne. Pourtant, c'est bien par le delta du Mékong, et principalement par le Bâsak, que les Angkoriens établissaient leurs relations avec la mer. La haute civilisation khmère retient enfin l'attention du géographe parce qu'elle a mis au point un système très perfectionné d'organisation du paysage : ses créations d'ensemble à la fois ruraux et urbains, dont le complexe angkorien donne de multiples exemples, mais qui ont existé aussi en bien d'autres parties du monde khmer. Aussi bien par ses aménagements locaux que par ses partis pris d'organisation générale, la civilisation khmère classique a fortement montré que, si elle tenait compte des conditions physiques, elle était fidèle avant tout à ses techniques de production et d'encadrement.