2001
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Karl Hoarau, « Le cyclone tropical Daniella et la température de l'océan (décembre 1996) », Les Cahiers d'Outre-Mer, ID : 10.3406/caoum.2001.3796
L'exemple de Daniella, qui a évolué au début du mois de décembre 1996 dans le sud-ouest de l'océan Indien, contribue à préciser le lien existant entre la pression atmosphérique minimale de surface dans un cyclone tropical et la température de l'océan. Ce cyclone est remarquable par la pression (905-910 hPa) et par la rapidité de son intensification, rarement observée dans cette région, avec une baisse de 60 hPa en 24 heures, alors que le phénomène se déplace lentement sur un océan dont la température était de 27-27,2 °C deux jours auparavant. La faible vitesse de déplacement de Daniella (8 km/h) entraîne une durée plus importante des interactions océan-air, permettant aux vents forts à l'avant de l'œil de souffler suffisamment pour refroidir l'océan. Et c'est sur un espace océanique d'une température de 26,5 °C que la pression centrale du cyclone continue de chuter, passant de 930 à 905-910 hPa le 5 décembre vers 18h00 UTC. Les observations réalisées dans d'autres bassins cycloniques ainsi que les conclusions des modèles numériques indiquaient jusqu'alors la nécessité d'une température océanique d'au moins 28° C pour obtenir un cyclone avec une pression comparable à celle de Daniella. Quatre heures après avoir atteint son intensité maximale, le puissant météore présente déjà des signes "d'essoufflement". Le réchauffement rapide et marqué des sommets de la masse nuageuse traduit un affaiblissement manifeste de la convection malgré une configuration exprimant encore une grande intensité. Cette évolution corrobore l'analyse d'une panne énergétique provoquée par le refroidissement de l'océan. Daniella fait partie des cas rares de cyclones dont l'intensité maximale a approché ou atteint l'intensité maximale potentielle "autorisée" par la température de l'océan, compte tenu de l'absence de contrainte dynamique dans la troposphère supérieure.