2008
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Janne Pölönen, « Quadragesima litium. Caligula’s tax on lawsuits », Cahiers du Centre Gustave Glotz, ID : 10.3406/ccgg.2008.1669
L’impôt de Caligula de 2,5 % sur les procès, intentés en Italie comme dans les provinces, reste une curiosité fiscale et juridique. Plutôt que de la taxe elle-même, les historiens ont surtout discuté de sa date d’abolition. Ce n’est pas Néron ou Galba mais Claude qui l’annula (Dio 60, 4, 1). La taxe semble avoir été calculée sur la valeur du cas, déterminée en fonction de la condamnation potentielle. Les plaideurs qui s’arrangeaient ou abandonnaient leur procès y échappaient, mais encouraient une pénalité. Apparemment, l’abandon des procès dans les phases précédant le jugement, après un accord conclu entre les parties, était une caractéristique constante du paysage romain des litiges. Une pyramide des disputationes romaines, établie sur le modèle des sociétés contemporaines, suggère que peu de litiges semblent avoir atteint le procès, a fortiori le verdict. Les parties négociaient dans l’ombre du droit, et la volonté plus grande encore d’éviter les procès que la taxe a provoquée démontre que la rationalité économique influait sur la vie judiciaire romaine. Il est possible d’estimer, sur la base des taux de procès modernes, que la population de l’empire peut avoir produit entre 50 et 250 000 litiges par an, environ. Si la taxe n’avait concerné que les litiges traités par les tribunaux romains, elle pourrait avoir rapporté entre 6 et 30 millions de sesterces. Si elle avait concerné les cités romaines et pérégrines de l’empire, son importance fiscale pourrait avoir atteint 16 à 80 millions de sesterces.