2010
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André Hurst, « Sur le statut du texte de Lycophron », Cahiers du Centre Gustave Glotz, ID : 10.3406/ccgg.2010.1739
Avec son traité perdu sur la comédie, Lycophron (IIIe siècle) a participé à l’effort de création des canons littéraires qui se déroulait dans l’Alexandrie des premiers Ptolémées. Cependant, le seul poème que nous ayons de lui dans son intégralité est l’Alexandra, monologue tragique contenant une prophétie de Cassandre et qui a valu à son auteur une réputation d’obscurité. Ce texte peut être situé en marge de la mise sur pied d’un canon des tragiques. Par opposition à des textes qui seraient des reflets d’une situation changeante et pourraient donc participer d’un processus évolutif (Denys le Périégète et l’évolution de la connaissance du monde), l’Alexandra représente une forme extrême de savoir clos. Cette forme de clôture du savoir rend nécessaires deux types d’approche qui se manifestent dans des textes générés par le texte premier : la paraphrase, qui dirait en clair ce que le texte dit en forme obscure, et le commentaire, qui peut dérouler les divers savoirs mis en oeuvre dans le texte. De surcroît, la tonalité prophétique de l’Alexandra pourrait avoir attiré ce texte dans l’orbite du canon des prophètes chez les chrétiens, comme on en trouve des indices chez Eustathe de Thessalonique.