1995
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Bernard Gilbert, « Les vestiges du jour : du roman de Kashuo Ishiguro au film de James Ivory », Cahiers Charles V, ID : 10.3406/cchav.1995.1119
Dans les choix, incontournables, du scénariste, tout n’est pas irréprochable. La narration raccourcit exagérément le temps de l’action, ce qui induit un certain nombre de conséquences contestables : dramatisation de l’Histoire où le mélodrame remplace l’allusion et l’ellipse, accélération du tempo au détriment de la vérité psychologique et historique, disparition de l’équilibre entre le Paradis Perdu de l’avant-guerre et le Temps Retrouvé de la modernité. Surtout Stevens perd le monopole de l’interprétation (et de la mauvaise foi) et doit partager la vedette avec une partenaire féminine surdimensionnée. Enfin on pourrait regretter un esthétisme triomphant, visualisant pour le spectateur ce que le lecteur avait la liberté de créer pour lui-même. Mais Ivory parvient à vulgariser sans vulgarité. Au service d’un rapport filmique conciliant distance et fusion, le choix des acteurs - par ses qualités intrinsèques et sa subtilité intertextuelle - propose une séduisante transfiguration.