Troilus et Cressida et la chute de Troie

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1998

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Richard Marienstras, « Troilus et Cressida et la chute de Troie », Cahiers Charles V, ID : 10.3406/cchav.1998.1203


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Troilus and Cressida and the Fall of Troy The plot of Troilus and Cressida has often puzzled spectators and commentators because of its strange appearance as scenes from the Fall of Troy, weighted by commentaries on the reasons (or lack of rational arguments) for the long war. To an audience for whom the story was central to their preoccupations with war and civic destruction, the “pageant” of the play functions by reference to a long tradition of classic texts and discussions, including in other work by Shakespeare. Troy was the paradigm of extreme catastrophe. The play is held together by its sense of fatality, in which every event, every argument, is a step towards the death of Hector and the tragedy which ensues from that death. Since Hector is as much a symbol as a character, his destiny is Troy’s, and it is Troilus (and not Hector himself) who understands how far his murder and mutilation represent the massacre and destruction of the city. The horror and terror of that tragic fall represents, and not just for modern spectators, the first genocide in the European consciousness.

Pour faire tenir ensemble les diverses parties de Troilus et Cressida, la narration ainsi conçue n’agit pas à la façon d’un squelette mais plutôt à la façon d’une carapace ou d’un exosquelette constitué par divers épisodes, par de multiples récits de la guerre et de la chute de Troie, épisodes qui, depuis le Moyen Age, s’assemblaient pour constituer comme un paradigme de l’événement catastrophique suprême. La pièce entière est parcourue par une force où Ton peut déceler le fatal enchaînement qui mène à la mort d’Hector ; et comme il est à la fois un personnage héroïque et une figure symbolique, son destin s’identifie à celui de Troie, encore que Troïlus seul, et non lui, soit conscient que sa mort et sa mutilation sont liées à celle de Troie, que la pièce ne montre pas, mais dont aucun spectateur ne pouvait ignorer l’imminence. La chute de Troie -emblème de malheur excessif, de massacre odieux, et du comble de la souffrance -ou, pourrait-on dire, premier génocide présent dans la conscience européenne, est ainsi clairement raconté. A Troïlus, comme à nombre de monarchies d’Europe, la fin de Troie n’était pas supportable.

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