1998
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Dominique Goy-Blanquet, « “Mon divin silence”. Shakespeare, les femmes et les puritains », Cahiers Charles V, ID : 10.3406/cchav.1998.1208
La guerre des sexes illustrée par les couples shakespeariens reflète sans doute l’opinion courante sur les accès ou excès d’humeur féminine mais elle ne peut nous renseigner sur la réalité des conduites de son temps. Il faut donc revenir à l’histoire et la confronter aux textes, nombreux à l’époque, littérature de conseil, sermons, traités médicaux, qui recensent les innombrables faiblesses et défauts féminins. Il faut entrer dans l’univers “ irréaliste” des comédies pour apprécier la finesse du plan humain de Shakespeare. Si les femmes mènent le jeu avec une étonnante maestria, ce n ’est plus du pouvoir politique qu ’elles s ’emparent, même la guerrière Hippolyta a abdiqué en faveur de son mari. Leur but et leur soin, c’est la paix des ménages, à commencer par le leur, c’est l’univers de la vie privée et des relations humaines qu 'elles soumettent à un grand nettoyage de printemps. L’équilibre atteint, elles le savent et nous le savons, ne peut être que précaire, car il doit concilier les exigences sociales et la quête individuelle du bonheur, l’intérêt des parents et les désirs de la jeunesse, l’autorité masculine et la volonté féminine.