2000
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Francesca Gambino, « L'anonymat dans la tradition manuscrite de la lyrique troubadouresque », Cahiers de Civilisation Médiévale, ID : 10.3406/ccmed.2000.2770
Dans les chansonniers provençaux, il est assez rare de trouver un texte sans rubrique attributive. Son absence peut presque toujours être imputée à un accident matériel. L'anonymat est donc un phénomène exceptionnel. Les textes sans auteur connu sont des unica, souvent transmis par des sources qui ne sont pas des chansonniers. En outre, l'absence de la rubrique est incontestablement plus fréquente dans les manuscrits qui ont transmis les mélodies : il est encore une fois évident que pour les compilateurs de ces anthologies l'intérêt était surtout d'ordre musical. Les différences selon les genres sont également intéressantes, même si dans la lyrique en langue d'oc il n'y a pas de véritable opposition entre le registre appelé « aristocratisant » et le registre « popularisant », comme on pourrait s'y attendre. Enfin, dans certains cas on peut établir une connexion entre l'anonymat et un auteur qu'on pourrait qualifier de « faible » : les coblas esparsas, pour lesquelles l'anonymat peut être un élément constitutif, appartiennent plutôt au monde des jongleurs qu'à celui des troubadours ; enfin, les pièces dont le sujet lyrique est une femme ont beaucoup plus de chances de rester sans attribution que celles dont le sujet lyrique est un homme.