2000
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Jean Caillet, « Le mythe du renouveau architectural roman », Cahiers de Civilisation Médiévale (documents), ID : 10.3406/ccmed.2000.2785
À quelques décennies près, l'an mil est souvent perçu — dans l'historiographie française en particulier — comme scellant le passage à un ordre architectural nouveau : c'est alors qu'interviendrait l'émergence du « style roman ». Nous revenons ici sur la nature de cette transition supposée, à la lumière de toutes les connaissances dont on dispose désormais pour les réalisations des IXe-Xe s. dans le monde carolingien et par-delà ses confins, ainsi que — surtout — pour celles de l'Antiquité tardive dans l'ensemble de la chrétienté latine. L'enquête évoque l'origine des caractères fonctionnels, tout en procédant en égard à la morphologie de l'édifice : on remonte donc systématiquement aux sources de chaque formule pour les composantes structurelles majeures (chevet, parties occidentales, nef avec les articulations de son couvrement et de ses supports, plastique murale externe). Au total, et bien entendu sans déprécier les achèvements des XIe-XIIe s., ce qu'ils reprennent de leurs antécédents s'avère beaucoup plus considérable qu'on ne l'envisage d'ordinaire. Cela, joint au fait que le Xe s. ne marque en définitive nul hiatus réel de l'activité constructrice dans la plupart des régions de l'Occident, induit à mettre sérieusement en cause la notion de « renouveau » roman.