Le Temps. « Impensé » de l'histoire ou double objet de l'historien ?

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2005

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Jean-Marie Schmitt, « Le Temps. « Impensé » de l'histoire ou double objet de l'historien ? », Cahiers de Civilisation Médiévale, ID : 10.3406/ccmed.2005.2899


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Résumé En Fr

Time is the central question for the one who wants to take up the historiography of the XXth century, and more precisely the writing of medieval history. It's a double question, with an « objective » purpose concerning how the medievalist historians treat the medieval concept and use of time ; but also a "reflexive" purpose concerning how these medievalists are questioning their own treatment of the historical lenght of time, how they date or divide time into periods or epochs (that of « Middle Ages », for a start). One typical feature of the renewal historical studies in the XXth century is to have treated both of these questions. The first part of this article examines the main studies of medievalists who have given a greater place to researches on temporal (and spatial) structures at stake in medieval society. Since Marc Bloch (whose thought has its roots in the « turning-point of social sciences » happening at the beginning of the century), the founder works of Jacques Le Goff (with, among others, the concept of a « long Middle Ages »), those of Aaron Gourevitch, Arno Borst, amply recapitulate and developed by more recent works, notably by many colloquiums and French or German books (more than in the historiography in the English language, in our opinion) are distinguished here. The second part of this article examines time as a category of the historian today : from the reception of Marc Bloch's and Fernand Braudel's suggestions (the three lenghts of time) to more recent reflections (K. Pomina, F. Hartog and above all Paul Ricœur) are discussed. On these bases, the article adopts a more thematic process focused on the following questions : 1. In the considered period, what were the categories of time used by medievalists (see, for instance, the debates on « the year 1000 », on the « event » (Bouvines), on the « biography « (St. Louis), on « the anachronism », etc.) ? 2. What were the « mental tools » used by the medieval authors themselves, what meaning to give to the words they used to talk about time (the studies on aevum, tempora, sacra or sancta, modernitas, etc. are mentioned) ? 3. What about the medieval division of time (concept of horae, problems of calendar, « ages of life », mechanical clock, that have given rise to an abundant bibliography) ? 4. How has the problematic of memory become imperative for ail the medievalists since the pioneering works of M. Halbwachs ? 5. How do the medievalists articulate the complementary notions of future and prospects, millenarianism and eschatology ? 6. In the end, the article suggests to examine another (partially) temporal notion, that of rhythm. This study ends with three remarks concerning the international nature of researches, the necessity to pay more attention to the temporality of the medieval Jews, and finally the essential reflection on the articulation of time and space.

La question du temps est centrale pour qui veut aborder l'historiographie du XXe s., et plus précisément l'écriture de l'histoire médiévale. C'est une question double : elle a une dimension « objective », pour ce qui est de la manière dont les historiens (médiévistes) traitent des conceptions et des usages médiévaux du temps ; mais également « réflexive », quand il s'agit de voir comment les historiens aujourd'hui s'interrogent eux-mêmes sur leur traitement de la durée historique, leur manière de dater ou de découper le temps en périodes ou époques (à commencer par celle du « Moyen Âge »). Un des traits du renouvellement des études historiques au XXe s. est d'avoir traité à la fois de ces deux questions. La première partie de cet article passe en revue les principaux travaux de médiévistes qui ont consacré une place privilégiée à l'étude des structures temporelles (et spatiales) de la société médiévale. Se distinguent ici, depuis Marc Bloch (dont la réflexion s'enracine dans le « tournant des sciences sociales » du début du siècle), les oeuvres fondatrices de Jacques Le Goff (avec, entre autres, la notion de « long Moyen Âge »), d'Aaron Gourevitch, d'Arno Borst, amplement reprises et amplifiées par des travaux plus récents, spécialement dans une riche série de colloques et de livres français et allemands (plus, nous semble-t-il, que dans l'historiographie de langue anglaise). Le temps comme catégorie de l'historien aujourd'hui fait l'objet de la seconde partie de l'article : on y discute la réception des suggestions de Marc Bloch et de Fernand Braudel (les trois durées), jusqu'à des réflexions plus récentes (K. Pomian, F. Hartog et surtout Paul Ricœur). Ces bases étant posées, l'article aborde une démarche plus thématique, centrée autour des questions suivantes : 1. Quelles ont été dans la période considérée les catégories du temps maniées par les médiévistes (voir, par exemple, les débats sur « l'an mil », sur 1' « événement » (Bouvines), sur la « biographie » (saint Louis), sur « l'anachronisme », etc.) ? 2. Quel fut « l'outillage mental » des auteurs médiévaux eux-mêmes, quel sens donner aux mots qu'ils employaient pour parler du temps (on évoque les travaux sur aevum, tempora sacra ou sancta, modernitas, etc.) ? 3. Qu'en est-il du découpage du temps au Moyen Âge (notion d'horae, problèmes du calendrier, des « âges de la vie », de l'horloge mécanique, qui ont suscité une riche bibliographie) ? 4. Comment s'est imposée dans les différents pays aux historiens médiévistes la problématique de la mémoire, depuis les travaux pionniers de M. Halbwachs ? 5. Comment sont articulées par les médiévistes les notions complémentaires de futur et d'avenir, de millénarisme et d'eschatologie ? 6. On suggère pour finir l'intérêt de l'examen d'une autre notion (partiellement) temporelle, celle de rythme. L'article s'achève sur trois remarques, concernant le caractère international des recherches, l'attention plus importante qu'il faut porter à la temporalité des juifs au Moyen Âge, enfin la réflexion indispensable sur l'articulation du temps et de l'espace.

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