2005
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Hans-Werner Goetz et al., « La recherche allemande en histoire médiévale au XXe siècle : évolutions, positions, tendances », Cahiers de Civilisation Médiévale, ID : 10.3406/ccmed.2005.2904
Basée sur la tradition d'« historicisme » du XIXe s. et sur la perspective de l'histoire du droit (autant qu'en se distinguant de celles-là), la médiévistique allemande a mis l'accent sur l'histoire constitutionnelle jusqu'aux années 1970 ; l'État était considéré en tant que « Herrschaft » (domination) constituée par des liens personnels. Le revirement de 1945 mit un terme à la mentalité nationaliste, mais il n'entraîna pas de changement au niveau des matières ou des méthodes de la médiévistique, bien que les questions de l'histoire constitutionnelle aient été de plus en plus complétées par des approches sociales et prosopographiques et par les perspectives d'une histoire des idées politiques qui s'intéressait à l'imaginaire des auteurs de nos sources. Ce n'est qu'à partir des années 1980 que de nouveaux champs de recherches émergèrent avec une optique plus anthropologique, avec l'histoire du quotidien et des mentalités ainsi que l'histoire des femmes et l'histoire « de genre » - perspectives qui ont ranimé le domaine de l'histoire culturelle, négligé en Allemagne pendant plusieurs décennies. Néanmoins ces nouvelles perspectives sont restées marginales et ne se sont pas du tout situées au cœur de la médiévistique toujours dominée, dans l'ensemble, par les sujets traditionnels d'une histoire politique et ecclésiastique ; elles y ont toutefois opéré un changement. Dernièrement, cela vaut aussi pour les questions d'une « science culturelle » (explorant, par exemple, la scripturalité et l'oralité ou la perception des auteurs médiévaux) dont l'effet reste encore incertain. La situation actuelle est caractérisée par une diversité des recherches et des approches, par une concentration de la recherche sur le bas Moyen Âge, mais aussi, malheureusement, par une moindre acceptation des Lettres par la politique et la société.