1995
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Michel Verdon, « Les Yao du Malawi : une chefferie matrilinéaire ? », Cahiers d'Études africaines, ID : 10.3406/cea.1995.1457
Dans The Yao Village (1956), Clyde Mitchell fait de cette population du Malawi une chefferie matrilinéaire. D'un point de vue interne, les villages auraient été composés de matrilignages présentant des caractéristiques segmentaires classiques ; d'un point de vue externe, ils auraient été liés à d'autres villages, cet ensemble étant situé au sein d'une structure pyramidale commandée par un chef suprême. S'interrogeant sur les définitions concernant le lignage et la chefferie, et utilisant une panoplie conceptuelle développée ailleurs (Verdon 1991), l'auteur met en question cette analyse des Yao. Au-dessus du village, en effet, il n'existait pas de hiérarchie rigide ou de structure territoriale à l'intérieur desquelles ces unités auraient été intégrées ou agrégées. La vie politique prenait appui sur différents acteurs, dans le cadre d'un éventail très large de relations. De même au niveau du village, si l'on définit le « groupe social » comme le groupe minimal de la société yao ; il ne semble pas qu'il existait de groupes de descendance dans lesquels ces unités minimales auraient été imbriquées. Certes, il existait des groupes « matrifiliatifs » et des relations d'alliance, mais assurément pas de lignages matrilinéaires. D'où la conclusion : les Yao n'ont jamais possédé ni matrilignages ni chefferies, si par chefferie on entend une agrégation territoriale. On rendrait mieux compte d'une telle organisation politique en la définissant comme un cas d'« alliances hiérarchisées ».