1999
Copyright PERSEE 2003-2024. Works reproduced on the PERSEE website are protected by the general rules of the Code of Intellectual Property. For strictly private, scientific or teaching purposes excluding all commercial use, reproduction and communication to the public of this document is permitted on condition that its origin and copyright are clearly mentionned.
Marc Gruénais, « La religion préserve-t-elle du sida ? Des congrégations religieuses congolaises face à la pandémie de l'infection par le VIH », Cahiers d'Études africaines (documents), ID : 10.3406/cea.1999.1311
Parmi les acteurs de la « société civile » associés à la lutte contre le sida, les représentants des congrégations religieuses occupent une place de choix. Pour les milieux médicaux, ils contribuent à la prévention en prônant l'abstinence et la fidélité, certains font preuve d'une grande compassion, aident les personnes atteintes et, grâce à la prière, peuvent offrir un réconfort moral dans des situations de détresse ; aussi, en dépit des positions — loin d'être toujours suivies localement — de quelques milieux chrétiens contre l'utilisation du préservatif, les congrégations religieuses semblent offrir plus d'avantages que d'inconvénients dans la lutte contre la maladie. Cependant, les discours, tant des religieux que des personnels de santé, fait apparaître des ambiguïtés qui ouvrent grand la voie à des représentations du « bon chrétien » qui, selon les cas, sera épargné, sauvé, guéri du fléau grâce à sa foi, voire à des pratiques et des discours d'exclusion à l'égard des « mauvais chrétiens ». Ainsi, insidieusement, les interprétations religieuses du sida, émanant de milieux dont on aurait pu croire a priori qu'ils seraient des alliés sûrs dans la lutte contre le sida, peuvent conduire à des attitudes qui vont à l'encontre des discours de prévention et des connaissances médicales en général, qui condamnent et rejettent pour préserver la communauté des « purs ».