« Faire des camps dignes de la France ». Le développement du système d’internement du régime de Vichy

Résumé Fr

Même en se limitant à la zone non-occupée, où Vichy est maître de ses décisions, il n’est pas aisé de donner un aperçu global des camps de Vichy, tant le réseau a été étendu et multiforme. Vichy, lorsqu’il définit sa politique vis-à-vis des camps hérités de la Troisième République, associe un objectif répressif – l’exclusion des éléments étrangers du corps de la nation – à un curieux discours humaniste à l’égard des internés. Face à des difficultés de gestion, les responsables vont multiplier les types de lieu de détention. Cependant, l’administration ne sera jamais en mesure de faire fonctionner ce qui sera bientôt un véritable système, et le discours humaniste se soldera par un désastre humanitaire. Au cours de l’hiver 1941-1942, une épidémie de cachexie va se déclarer dans les camps et causer des centaines de morts. Lorsque les Allemands exigeront la remise des internés juifs pour déportation, Vichy, qui perçoit de plus en plus les camps comme un fardeau, opposera dans un premier temps une résistance plus que molle à l’occupant, pour ensuite s’associer pleinement à l’entreprise. C’est ainsi que 11000 personnes, le gros des déportés en provenance de la zone sud, seront acheminées à la fin de l’été 1942 vers les camps d’extermination.