2009
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Sylvie Marchenoir, « Heimatdichterin ou l’ambivalence d’un concept : le cas d’Annette von Droste-Hülshoff », Chroniques allemandes (documents), ID : 10.3406/chral.2009.920
Dans les histoires de la littérature allemande et les anthologies, Annette von Droste-Hülshoff a très longtemps fait l’objet d’un classement parmi les poètes ayant chanté leur pays natal, les Heimatdichter. Une grande partie de son œuvre évoque en effet sa région d’origine, la Westphalie, que la poétesse décrit avec minutie, parfois sans complaisance, mais aussi avec humour, laissant transparaître un attachement sans faille à la terre de ses ancêtres. Mais, dans la seconde moitié du XIXe siècle et la première moitié du XXe siècle, ce régionalisme tombe sous le coup d’une critique qui en relève les limites. Cette poésie du terroir, trop attachée au concret et au détail au prix d’une certaine confusion et d’une absence de construction, est censée manquer d’envergure, de spiritualité et d’universalité. Outre que cela revient à ignorer de larges pans de la création artistique d’Annette von Droste-Hülshoff comme la poésie religieuse, les épopées en vers ou le lyrisme des dernières années, cette accusation vise à dénigrer une poésie originale et novatrice, l’oeuvre d’une femme de génie ne relevant d’aucune école littéraire. La dévalorisation du concept Heimatdichterin fournit un bel exemple du mépris avec lequel on a longtemps traité la littérature féminine.