1997
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Marie-Odile Godard, « Au Rwanda : la parole peut-elle suffire à traiter la question du traumatisme ? De l'abréaction à la méthode associative », Psychologie clinique et projective, ID : 10.3406/clini.1997.1107
Psychologue, après quatre missions au Rwanda pour le Secours Populaire Français, face au choc que représentent les effets du génocide des Tutsi et des opposants Hutu au régime d'Habyarimana, je livre ici quelques réflexions théoriques : au Rwanda, la parole est présente partout, tout le monde parle et raconte et c'est nécessaire. Mais la tentation est forte d'en revenir au Freud de la "Neurotica" tellement la réalité, l'horreur du génocide est évidente. Nous tentons de démontrer que la parole ne suffit pas. L' abreaction ne peut pas être la voie pour résoudre les problèmes du traumatisme. En cela je propose de suivre l'évolution de Freud en considérant que le traumatisme intériorisé devient, en fonction de la vie passée de la victime, le maillon perdu d'une chaîne dont l'accès peut se faire par la méthode associative. Cette méthode n'est pas la recherche d'un sens qui est souvent pris comme une causalité, celle-ci est à chercher du côté du collectif. Pour l'individu il ne peut y avoir de sens à l'insensé d'un massacre. L'homme, la femme, l'enfant ont été touchés un par un dans ce génocide, c'est un par un qu'ils pourront être soulagés. Mots clés : Rwanda, Génocide, Traumatisme, Abreaction, Simmel, Freud, Méthode associative, Narcissisme, Après-coup, Sens.