2005
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Gérard Pelé, « «Artiss» : de la crapule bourgeoise-romantique », Cahier Louis-Lumière, ID : 10.3406/cllum.2005.875
La perméabilité des frontières entre tes formes d'art est le cheval de Troie du néo-conformisme contemporain. La création contemporaine, qui tire globalement son modèle d'une approche «adoucie» de l'univers concentrationnaire - adoucie, mais favorable et quasi dédiée aux pires réajustements qu'elle garde toujours en sa réserve muséale permanente (musée en herbe, en grains, en poudre ou musée virtuel fondant l'illusion du partage intellectuel total) -, organise sa pérennité à travers deux axes croisés : un retrait mené jusqu'à l'invisibilité des créateurs au profit de leurs œuvres et la création d'une zone mentale, floue et mondiale, assimilable en tous points à ce qui doit être tenu pour la seule réalité économique planétaire viable et revendiquée comme telle. Car être invisible n'est pas pour autant ne pas occuper l'espace. Voire tout l'espace et sa représentation (sous une forme connue, inconnue ou à connaître) comprise. Car à travers la réification de l'individu et tout en s'appuyant sur la massification de ses désirs, l'art s'écrit aujourd'hui lui-même, comme Shakespeare le fit, un rôle auquel il a pris fortement goût en l'absence de discipline à laquelle la technologie de masse semble parfois conduire.