2011
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Fabienne Bonino, « Stephen Dwoskin, de la personnalisation de la caméra à l’érotisme haptique : le gros plan comme révélation d’un subjectif dérangeant », Cahier Louis-Lumière, ID : 10.3406/cllum.2011.947
Je souhaitais tracer les premières lignes d’une étude d’un cinéma subversif qui passerait par l’idée d’un subjectif dérangeant. Les films de Stephen Dwoskin ouvrent un territoire singulier dans l’intime. Ils sèment le trouble car ils abordent des sujets tabous tels que la maladie, la souffrance, le handicap, la mort, une sexualité souvent violente. Ils sèment la confusion car la distinction des genres devient particulièrement ambiguë. Je pensais que le gros plan, souvent flou, du visage filmé – le plus majoritairement celui des femmes aimées – était le seul signe de cette quête insensée de l’autre. Pourtant, en m’approchant au plus près de ces films, j’y lis l’expression d’une traque. Stephen Dwoskin reste intensément tendu vers l’autre dans un face à face avec la caméra qui tient de la séduction comme de la persécution. Ce regard-caméra – qu’il attend patiemment comme un chasseur aux aguets – dépasse les enjeux du simple voyeurisme. L’insoutenable du regard-caméra paraît alors intimement lié à la durée particulière de ce type de plan.