1976
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Ioannis Sinanoglou et al., « La mission d'Eugène Petit en Russie [Le parti socialiste français face à la révolution de Février] », Cahiers du Monde Russe, ID : 10.3406/cmr.1976.1261
Ioannis Sinanoglou, La mission d'Eugène Petit en Russie. Le parti socialiste français face à la révolution de Février. Eugène Petit a été un observateur perspicace de la crise russe entre 1916 et 1918 et l'un des plus influents, au cours de l'été décisif de 1917. Grâce à sa connaissance intime des cercles russes libéraux et socialistes et à ses relations avec le ministre socialiste Albert Thomas, Petit fut en mesure — en dépit d'un poste obscur à la Mission française des munitions à Petrograd — d'accéder facilement au Comité de guerre et à la direction parlementaire du parti socialiste français. En juin 1917, à l'issue de la deuxième mission de Thomas en Russie, Petit devint l'agent de liaison entre le ministre socialiste des Armements et les dirigeants du Gouvernement provisoire russe. Sur la toile de fond des rapports de Petit, le présent article analyse les hypothèses émises officiellement par les Français sur l'évolution de la crise traversée par la Russie pendant la guerre avant l'insurrection bolchevique et les répercussions politiques que les questions soulevées par la révolution de Février ont eues en France. Une SFIO, déjà divisée, tenta de s'interposer entre la France républicaine et la Russie révolutionnaire, en faisant converger ses efforts sur deux questions mises au premier rang par les socialistes russes : la révision des traités signés en temps de guerre par les Alliés et la convocation d'une conférence socialiste internationale à Stockholm pour élaborer un programme de paix socialiste. Albert Thomas et Eugène Petit jouèrent le rôle de pivot dans l'effort mal dirigé du parti socialiste pour atténuer les crises sociale et économique russes par des moyens politiques. Il en résulta aussitôt en France un schisme plus profond au sein du parti socialiste, ainsi que l'érosion de la position politique du parti, corollaire de l'échec spectaculaire de sa politique russe. Car le parti avait engagé une grande partie de son crédit politique en faisant miroiter le redressement militaire de la Russie sous une direction socialiste modérée.