1991
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David R. Shearer, « The language and politics of socialist rationalization [Productivity, industrial relations, and the social origins of Stalinism at the end of NEP*] », Cahiers du Monde Russe, ID : 10.3406/cmr.1991.2299
David R. Shearer, La langue et la politique de la rationalisation socialiste. L'étude du mouvement de rationalisation socialiste révèle la complexité du conflit politique et social dans l'industrie soviétique à la fin des années 1920 et au début des années 1930. Les luttes autour de la politique générale et de l'hégémonie telles qu'elles s'exprimèrent dans les débats relatifs aux formes appropriées de la rationalisation socialiste ne se découpaient pas en suivant des lignes sociales ou politiques facilement reconnaissables. La rhétorique officielle légitimait un conflit de classe mais masquait des formes beaucoup plus complexes de conflit social dans les usines et dans les bureaucraties des industries d'Étal. Ainsi, cet article soutient que les attaques de Stalin contre l'appareil de l'industrie en 1929 et 1930 ne devraient pas être vues seulement en termes d'idéologie ou de contrôle du parti face à l'autonomie professionnelle. De nombreux groupes d'ingénieurs et d'administratifs soutenaient les politiques staliniennes précisément parce qu'elles offraient des perspectives d'activité professionnelle et d'autorité accrues. La direction stalinienne, elle-même divisée politiquement, approuvait les notions contradictoires de la rationalisation socialiste dans ses attaques contre la politique économique de la NEP. Les directives du régime concernant la productivité évoluaient de façon contradictoire, adaptée aux circonstances, englobant simultanément et encourageant les tendances technocratiques, syndicalistes et populistes radicales. Les contradictions dans les initiatives qui étaient prises ne furent jamais résolues ni les conflits entre les groupes sociaux et professionnels rivaux qui influençaient les politiques du régime. Un violent conflit social s'institutionnalisa dans les luttes occasionnées par la question de l'hégémonie au sein des usines et d'un bout à l'autre de l'appareil d'Etat.