The imaginary world of Semen Koltovskii [Genealogical anxiety and falsification in late seventeenth-century Russia*]

Résumé En Fr

Marshall Poe, The imaginary world of Semen Koltovskii. Genealogical anxiety and falsification in late seventeenth-century Russia. The later seventeenth century was an era of unprecedented social mobility in the upper reaches of Muscovite society. Prior to the reign of Aleksei Mikhailovich, the boyar duma had been the preserve of a small set of pedigreed families. Aleksei, however, altered the traditional duma recruitment policy in the 1650s and began to promote undistinguished "new men" into the duma. Despite the claims of some historians, the new men were not radicals. It is true that many of them had made their way to the top by virtue of their service and skill, and not due to any hereditary right to elite ranks or offices. They were the beneficiaries of a very mild drift toward meritocratic appointment. But the new men did not necessarily share the principles standing behind the policy that brought them into the heights of Muscovite society. They had been born and bred in a society that took for granted the existence of a class of men who were the natural born leaders of the realm. The new men recognized that though they were among the elite, they were not of it in a genealogical sense. It likely never occurred to them to alter the basic principles of the old status system. The parvenus wanted to become members of the hereditary elite, not to destroy it. Evidence of widespread genealogical falsification by the new men is prima facie indication of this desire and the mentality that stood behind it.

Marshall POE, Le monde imaginaire de Semen Koltovskij. Le désir d'une ascendance noble et la falsification des généalogies dans la Russie de la fin du XVIIe siècle. La fin du XVIIe siècle fut une époque de mobilité sociale sans précédent dans les plus hautes sphères de la société moscovite. Avant le règne d'Aleksej Mihajlovič, la douma des boyards avait été coasidérée comme la chasse gardée d'un petit groupe de familles dont l'ascendance noble était certifiée. Aleksej, cependant, changea la politique de recrutement traditionnelle pour la douma au cours des années 1650 et se mit à promouvoir l'intégration au sein de la douma de recrues d'un nouveau type, des roturiers. En dépit des affirmations de certains historiens, ces nouveaux venus n'étaient pas des radicaux. Il est vrai que plusieurs d'entre eux avaient réussi leur ascension vers le sommet grâce à des services rendus à la couronne et à leurs capacités, et non par la faveur d'un droit héréditaire à un rang ou une fonction d'élite. Ils avaient bénéficié d'une très légère tendance à l'affectation au mérite. Mais ces nouveaux venus ne partageaient pas nécessairement les principes qui les avaient portés jusqu'aux plus hautes sphères de la société moscovite. Nés et élevés dans une société qui ne mettait pas en question l'existence d'une classe d'hommes nés pour diriger le royaume, ils se rendaient bien compte que, s'ils étaient introduits dans l'élite, ils n'en faisaient pas partie d'un point de vue généalogique. Ils n'ont probablement jamais envisagé de changer les principes de base du système social de l'époque. Ces « parvenus » désiraient devenir membres de l'élite héréditaire, et non pas la détruire. Le fait que la falsification généalogique ait été, parmi eux, chose courante, est à première vue une manifestation de ce désir et de la mentalité qui le suscitait