1995
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Daniel Faivre, « Les représentations primitives du monde des morts chez les Hébreux », Dialogues d'histoire ancienne, ID : 10.3406/dha.1995.2216
Il n'existe pas de représentation israélite uniforme du monde des morts. La Bible montre au contraire, de manière très indirecte, une évolution lente et non linéaire de ce concept. Hérité pour une large part des cosmologies mythologiques mésopotamiennes, le "Sheol" présente de nombreux points communs avec le "Kigallu" babylonien : c'est un monde souterrain, gris et poussiéreux, où les âmes y accomplissent une morne survie. Cependant, la Bible en fait un monde sans dieu, un lieu qui sépare radicalement l'Israélite de la proximité de Yahweh. Il s'agit probablement là d'une conception revue et corrigée par un clergé post-exilique soucieux d'épurer le monothéisme judaïque ; les anciennes traditions laissent apparaître au contraire des bribes d'information sur d'obscures divinités infernales : au couple suméro-akkadien "Nergal-Ereshkigal" pourrait correspondre un couple "Bélial-Sheol" doué des mêmes prérogatives. Au gré des syncrétismes ultérieurs, le premier deviendra un ange déchu, la seconde sera identifiée au lieu même des Enfers.