1976
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Maurice Demart et al., « Expériences d'utilisation de la bande dessinée dans des cours de travailleurs migrants », Diversité (documents), ID : 10.3406/diver.1976.5195
Cet article ne prétend pas se situer au plan d'une étude exhaustive sur l'utilisation pédagogique de la bande dessinée. Il veut simplement rapporter deux expériences – ou plutôt deux types d' expérience – réalisées récemment par des formateurs ; il présente également un essai de réflexion sur ces expériences à la manière de formateurs dans des moments de concertation pédagogique. Pourquoi avions-nous choisi de travailler sur la bande dessinée ? Lorsque nous élucidons nos motivations, la première réponse qui nous frappe est celle-ci : « parce que ça existe ». C'est un monde qui imprègne la vie et la culture en France. C'est un mode de culture utilisé par les travailleurs immigrés : à nous de réfléchir avec eux et d'y découvrir ensemble les messages techniques et les messages culturels. Nous avons donc utilisé la bande dessinée en essayant d'avoir dès le point de départ trois options pédagogiques : 1) Le monde de la bande dessinée est un monde ATTRAYANT. Dans la recherche d'une pédagogie non « scolaire », il s'agissait de rendre intéressante une formation. Mais pour cela nous savons à priori que n'importe quelle bande et n'importe quel message n'avaient pas même valeur. Il s'agissait de choisir les centres d'intérêt et les modes d'exploitation. 2) Le monde de la bande dessinée est un des lieux privilégiés où se joue le problème de l'I NTERCULTUREL. Et pour nous, c'était un double problème : -Pédagogique : dénotation et connotation d'une bande sont d'abord l'un et l'autre phénomène de cultures. -Déontologie : Nous nous défendions de vouloir récupérer. Il s'agissait d'insérer dans une société française non de vouloir intégrer. 3) L'apprentissage de la bande dessinée nous semblait lié à la conquête de l'AUTONOMIE : l'immigré est agressé par un monde d'images qui est un des éléments « agresseur » de la civilisation dans laquelle il baigne : pour parvenir à son autonomie il doit se libérer peu à peu en apprenant à critiquer et maîtriser ces agressions. Mais laissons là ces postulats de départ. Les expériences que nous présentons ne sont pas les seules qui sont réalisées dans notre organisme : nous n'avons voulu en présenter ici que deux.