1989
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Alain Chouraqui, « Normes sociales et règles juridiques : quelques observations sur des régulations désarticulées », Droit et Société, ID : 10.3406/dreso.1989.1047
On peut faire l'hypothèse que la crise actuelle des régulations traditionnelles corresponde à deux tendances lourdes et fortement liées : l'accroissement régulier de la complexité et l'accélération continue des changements. Les systèmes régulatoires, et spécialement le système étatique, montrent alors, dans leur forme ancienne, leur inadaptation puis leurs hésitations face à des champs plus complexes dont les éléments sont plus divers et plus changeants qu'autrefois. La distinction et l'articulation des régulations sociale et juridique ont toujours fait problème. L'exigence d'une flexibilité juridique d'adaptation à ce contexte a conduit à une remise en cause du rôle régulateur de l'Etat et a contribué par là à déstabiliser la cohérence traditionnelle du système juridique et à multiplier les contacts entre une régulation juridique diversifiée et le social non juridique. Dans le domaine du travail, les contacts entre le système juridique et la régulation sociale non juridique sont depuis toujours très étroits. Corollaires du souci d'adaptation à des terrains divers, complexes et changeants, le développement de la négociation collective, forme majeure du recul "relatif" de l'Etat, et son déplacement vers les niveaux "inférieurs" (entreprise et établissement) ont rapproché encore le droit et les rapports sociaux, élargi les "zones de recouvrement" des règles juridiques et sociales, et brouillé un peu plus les rapports du juridique et du social.