1991
Copyright PERSEE 2003-2023. Works reproduced on the PERSEE website are protected by the general rules of the Code of Intellectual Property. For strictly private, scientific or teaching purposes excluding all commercial use, reproduction and communication to the public of this document is permitted on condition that its origin and copyright are clearly mentionned.
Gérard Soulier, « Le théâtre et le procès », Droit et Société, ID : 10.3406/dreso.1991.1100
Le jeu du procès a plus que des analogies avec celui du théâtre : l'un et l'autre se développent dans un espace consacré, suivant des règles qui dérogent aux pratiques de la vie ordinaire, qu'il s'agisse des gestes, de la parole, de la parure vestimentaire. Dans l'un, et l'autre cas, il y a représentation, fondée sur la mimesis, mêlée d'une autre forme de jeu, l'agôn, qui structure aussi bien l'audience et la tragédie. Mais d'autre part, l'enjeu de cette représentation n'est pas le même. Le jeu est une fin en soi, tandis que le procès a pour objet immédiat la réglementation d'un litige, lequel conduit à donner sens au droit. Toutefois, les deux institutions se retrouvent dans un même effet de catharsis, qu'Aristote avait attaché à la tragédie, mais qui peut-être donne aussi sa signification profonde à la représentation judiciaire.