1998
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Kilian Bälz et al., « La reconstruction séculière du droit islamique : la Haute Cour constitutionnelle égyptienne et la « bataille du voile » dans les écoles publiques », Droit et Société, ID : 10.3406/dreso.1998.1437
À première vue, l'article 2 de la Constitution égyptienne, qui fait des principes de la sharîʻa la source principale de la législation, peut sembler paradoxal : d'une part, le droit positif égyptien, c'est-à-dire un corpus juridique voté par le législateur égyptien selon une procédure définie ; de l'autre, la sharîʻa, c'est-à-dire un corpus iuris consistant dans les écrits juridiques des juristes musulmans (fuqahâ') se référant à l'islam pour légitimer leur travail. Dans cet article, l'analyse du raisonnement juridique suivi par la Haute Cour constitutionnelle égyptienne, dans son arrêt portant sur le voile, sert de support à un questionnement théorique qui, s'inspirant des travaux de Teubner, cherche à apporter une réponse à ce paradoxe. Cette décision constitue l'illustration parfaite du combat pour la défense de l'autonomie de l'ordre juridique séculier, la Cour veillant à asseoir son pouvoir d'interprétation du droit islamique : tout en reconnaissant formellement l'autorité des règles de ce droit, elle se réserve en fait l'exclusivité de sa « substantialisation ».