1992
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Hildegard L. C. Tristram, « La razzia des vaches de Cuailnge et les archéologues », Études celtiques, ID : 10.3406/ecelt.1992.2022
On a longtemps cru que ce vénérable texte vieil-irlandais était analogue aux grandes épopées européennes et qu’il constituait un texte clef pour l’identification nationale. On a même cru pouvoir lire dans ce texte une «fenêtre ouverte sur l’âge du fer» (d’après le mot bien connu de Kenneth Jackson), avec un recul de plus d’un millier d’années. Ce serait donc la culture de La Tène qui se refléterait dans les coutumes et les usages sociaux des Ulates et des autres tribus irlandaises, survivance tardive et heureuse dans l’île la plus occidentale et la plus conservatrice du domaine jadis occupé par les celtes et non touchée par la culture romaine. D’après l’auteur, une telle vue est surannée et relève d’un positivisme simplificateur et d’une nostalgie romantique (peut-être même politique), hérités du XIXe siècle. Les recherches archéologiques (et historiques) récentes nous mettent en garde contre ces idées traditionnelles et nous apprennent que les traits pertinents de la «Razzia des vaches de Cuailnge» et d’autres textes de la Branche Rouge sont en vérité beaucoup plus récents. L’analyse de la première version de la Táin permet de supposer une date qui ne remonte pas avant le Xe/XIe siècle pour la composition de la structure actuelle. L’auteur appelle à une collaboration plus étroite entre linguistes et archéologues pour l’étude de cette épopée moyen-irlandaise.