2011
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Flemming Kaul, « The Gundestrup Cauldron: Thracian Art, Celtic Motifs », Études celtiques, ID : 10.3406/ecelt.2011.2326
Presque chaque année paraissent de nouveaux articles sur le chaudron de Gundestrup. Le principal objet du débat reste le lieu de production. On a privilégié deux possibilités : soit la France, soit la zone du Bas-Danube. Cette divergence s’explique par l’ambiguïté des données offertes par le chaudron lui-même : d’un côté, le style et la technique artisanale sont clairement thraces, mais de l’autre, certains objets ou motifs sont celtiques. Mais beaucoup de ces objets celtiques (boucliers, carnyces, etc.) sont présents aussi bien au Sud-Est qu’à l’Ouest de l’Europe. Le style et la technique, quant à eux, fournissent un argument plus décisif : le chaudron présente tellement de similitudes avec le style artistique thrace qu’il n’y a pas de doute qu’il s’agit d’un produit de l’artisanat thrace. On ne trouve nulle part en Europe occidentale une telle tradition de travail au repoussé sur argent doré avant la naissance du Christ. Entre autres traits caractéristiques de l’art thrace, on peut citer la façon de rendre la fourrure animale. Le chaudron présente un mélange surprenant d’éléments celtiques et thraces. Sa forme est celtique, mais la technique est thrace. Le dieu aux bois de cerfs est reconnu comme un dieu celtique, mais il porte un vêtement thrace en même temps qu’un torque celtique, et il est entouré d’animaux thraces. Sur d’autres plaques, nous trouvons des torques, de forme celtique ou, clairement, non celtique, et ainsi de suite. Si nous acceptons cette ambiguïté des données, nous ne devons pas essayer de démontrer une origine soit celtique, soit thrace, mais utiliser l’ambiguïté culturelle inhérente au chaudron comme point de départ pour comprendre l’arrière-plan historique et culturel, en acceptant qu’il implique deux peuples différents. On doit donc se demander où pouvait se produire un scenario archéologique qui puisse répondre à la question posée par le chaudron de Gundestrup, qui relève de la coexistence culturelle d’une tribu celtique et d’une tribu thrace. Or les données archéologiques et les sources historiques indiquent qu’il y eut échange culturel voire symbiose entre des thraces et les Scordisques celtes en Bulgarie du Nord-Est et en Roumanie du Sud-Est au IIe s. av. J.-C.