1997
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Jean-Antoine Rioux et al., « L’évaluation écoépidémiologique du «risque leishmanien» au Sahara atlantique marocain. Intérêt heuristique de la relation «Phlébotomes-bioclimats» », Ecologia Mediterranea, ID : 10.3406/ecmed.1997.1840
Les auteurs rapportent les résultats d'une enquête sur le "risque leishmanien" dans la zone littorale du Sahara occidental marocain. Le concept paradigmatique de "précellence vectorielle" conduit à privilégier la distribution spatiale, qualitative et quantitative, des Phlébotomes (Diptera-Psychodidae) en tant que "marqueurs de risque" pour les trois Leishmania : L. major, L. tropica et L. infantum (Kinetoplastida-Trypanosomatidae). L'analyse s'appuie sur une série de piégeages aux papiers adhésifs selon la méthode des transects. Réalisée en période de pleine activité imagínale, l'opération a utilisé 2604 pièges pour 36 stations. Celles-ci se distribuent sur deux itinéraires, l'un strictement côtier, l'autre légèrement divergent à quelques dizaines de kilomètres à l'intérieur des terres. Sur un parcours de 1043 km, 27 stations rurales et neuf localités urbaines ont été échantillonnées. Parmi ces dernières : Tan-Tan, Tarfaya, Layoun, Boujdour, Dakhla. Au total, 12 Phlébotomes seulement ont été capturés, dont un seul exemplaire du genre Phlebotomus. Cette rareté des espèces vectrices coïncide avec l'absence de leishmaniose dans la zone considérée. Une échantillon de 22 chiens, analysé par la technique d'immunofluorescence, s'est révélé négatif, de même qu’une dizaine de Psammomys obesus observés aux environs de l'aérodrome de Tan-Tan. Cette situation est mise sur le compte du climat local (mésoclimat) : le long de la côte atlantique, l'alizé souffle en permanence de secteur NW-NE, entraînant d'importantes modifications du régime saharién à savoir : forte nébulosité, abondance des précipitations occultes, faibles maximums thermiques. Parmi ces facteurs, les vents, violents et humides, et les basses températures estivales apparaissent comme défavorables aux Phlébotomes. Dans la mesure où n'interviendrait aucun changement climatique, le risque leishmanien demeurerait faible sur la bande côtière. Bien plus, "l'effet tampon", induit par la masse océanique, maintiendrait, longtemps encore, cette zone à l'abri d'un éventuel "réchauffement global" susceptible d'affecter, dans les prochaines décennies, l'étage peraride continental du Maghreb. Dès lors P. papatasi, vecteur habituel de L. major, resterait rare sur le littoral atlantique alors qu'il serait largement favorisé sur le reste du Sahara septentrional.