2013
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Luis Villar, « Le Genévrier thurifère, vieil arbre compagnon de l’homme en Méditerranée occidentale », Ecologia Mediterranea, ID : 10.3406/ecmed.2013.1287
Du fait de son caractère héliophile, Juniperus thurifera L. a pu, dans la Méditerranée occidentale, s’implanter dans les milieux ouverts libérés par les changements climatiques tertiaires et quaternaires. Située dans des territoires surtout calcaires à climat continental, entre 200 et 3 150 m d’altitude, son aire de répartition est fragmentée (Afrique du Nord, péninsule Ibérique, Pyrénées, Alpes du Sud-Est et Corse) et on a qualifié les communautés qu’il individualise de communautés relictuelles. Ayant «vécu » les incendies accidentels, l’action des herbivores sauvages, des parasites ou symbiontes divers, le «genévrier en arbre » était «préadapté » à l’intervention de l’homme. Résistant à l’élagage et à l’action directe des troupeaux, il a apporté en effet un repère, un abri, des terrains pour la chasse, l’énergie pour se chauffer, des produits pour se guérir, du bois d’oeuvre imputrescible, des outils, des pâturages et terres, des plantes mellifères, etc. Ainsi maîtrisé, il a forgé un paysage agro-sylvo-pastoral qui s’est maintenu pendant des siècles, basé soit sur l’autarcie soit sur la transhumance. Jusqu’aux années 1960, les peuplements de Genévrier thurifère ont régressé, voire ont été décimés, mais, en Espagne, au cours des dernières cinquante années, notre arbre récupère et se densifie… D’abord la déprise rurale et les services forestiers, puis les scientifiques, finalement les politiques de conservation ont contribué à la protection des thuriféraies, surtout en Europe… Même si notre connaissance sur la biologie ou l’écologie de l’espèce s’est bien enrichie, seront présentées ici quelques données et réflexions sur les lacunes autour du Genévrier thurifère.