Plasticité phénotypique de l’expression sexuelle de Juniperus phoenicea L. dans les gorges de l’Ardèche (France)

Résumé En Fr

Juniperus phoenicea is a species made up of bisexual and female trees, with inconstant male trees. The sexual status of a tree can vary from one year to another, probably due to environmental conditions. In order to confirm this hypothesis, we monitored 120 trees chosen randomly in 6 spots, 20 trees in each : 3 on flat grounds and 3 on cliffs, then a “ female gender value” has been calculated, for the years 2007 to 2012. In the whole population, about one quarter is female, three quarters are bisexual, and no constant male at all, these results are very similar to those of Pavón García (2006 and com. pers.) in Spain. Very often there is an inter annual variation between the male and female trends. A few trees can even change gender entirely from one year to another. In most cases, bisexual trees go through a male phase, i. e. a year without expression of their female component. Generaly, when a tree produced a lot of female flowers and has consequently consumed a great deal of energy in bear- ing fruit, it produces more male flowers or does not flower the following year. Among the 6 spots, those with the hardest environmental conditions have more male populations and with more labile gender than those with more favourable conditions which have more female populations and less labile gender. The gender seems to be under the control of individual as well as external factors such as ecological conditions and physiological status. The age of the trees seems not to influence the gender expression. The species varies from annual special trioecy to pluriannual special gynodioecy. This gender variations likely allow a good adaptation to the very rough environmental conditions of cliffs.

Juniperus phoenicea est une espèce composée essentiellement d’individus bisexués et d’individus femelles, ainsi que de quelques individus mâles. L’état sexuel d’un individu peut changer d’une année à l’autre, probablement en fonction des conditions environnementales. Pour vérifier cette hypothèse, un suivi de l’état sexuel des genévriers de Phénicie a été mis en place dans six stations : trois sur le plat et trois en paroi rocheuse, où on a choisi au hasard vingt arbres sur lesquels on a calculé, pendant six ans (2007-2012), un «indice de féminité » . Dans l’ensemble de la population, il y a environ un quart de femelles, trois quarts de bisexués et aucun individu mâle constant : résultats très semblables à ceux obtenus par Pavón García (2006 et com. pers.) en Espagne. Très souvent, il y a une alternance interannuelle entre tendance mâle et tendance femelle. Quelques individus peuvent même changer totalement de sexe d’une année à l’autre. Dans leur grande majorité, les individus bisexués passent par un état mâle, c’est-à-dire une année où ils n’expriment pas leur sexe femelle. En général, un individu qui a produit essentiellement des fleurs femelles et a donc, par la suite, investi beaucoup d’énergie dans le développement des fruits est nettement plus mâle l’année suivante ou ne fleurit pas du tout. Parmi les six stations, celles ayant les conditions environnementales les plus difficiles abritent des populations plus mâles et à expression sexuelle plus instable que celles ayant des conditions plus favorables qui ont des populations plus femelles et à expression plus stable. L’expression du sexe semble sous le contrôle de facteurs individuels et de facteurs externes : conditions stationnelles et état physiologique. L’âge de l’arbre ne semble pas avoir d’influence. L’espèce varie d’un état annuel particulier de trioécie à un état pluriannuel particulier de gynodioécie. Cette variabilité phénotypique de l’expression du sexe semble permettre une adaptation fine aux conditions très difficiles des parois rocheuses.