2017
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Bertrand Schatz, « Les orchidées de l’île de Cavallo (archipel des Lavezzi, Corse) : une surprenante abondance de l’espèce protégée Gennaria diphylla », Ecologia Mediterranea, ID : 10.3406/ecmed.2017.2021
Le milieu micro-insulaire est souvent marqué par une biodiversité singulière dans sa composition et sa dynamique en comparaison de celle des îles plus vastes ou du continent voisin ; l’île de Cavallo ne déroge pas à cette règle. Cette île a été explorée à la mi-mars 2014, avec un focus ici sur sa flore en orchidées. Cette prospection orchidophile a révélé une étonnante abondance de l’espèce Gennaria diphylla, dont l’effectif total sur l’île de Cavallo est estimé entre 3 210 et 5 350 individus. Non moins surprenant, deux nouveaux habitats de milieux ouverts ont été mis en évidence pour cette espèce, le premier correspondant à des zones de terre retournée et nue et le second étant marqué par une curieuse coexistence avec les griffes-de-sorcière (Carpobrotus edulis), une espèce envahissante majeure des côtes méditerranéennes. Plusieurs hypothèses sont proposées pour expliquer cette abondance micro-insulaire : interactions biotiques particulières, absence d’herbivorie et de destruction par les sangliers, faible impact humain, adaptation locale à deux nouveaux habitats, synergie entre ces divers facteurs. Avec environ deux tiers des individus de G. diphylla à l’échelle de la France, la conservation de ces populations sur l’île de Cavallo revêt une très forte responsabilité patrimoniale. Cette île étant cependant pratiquement entièrement privée et en dehors de la réserve naturelle proche, il s’agit sûrement là de l’espèce d’orchidée en protection régionale pour laquelle l’État français a le moins de contrôle et de possibilité d’intervention. Ainsi, un projet de restauration écologique sur cette île serait très pertinent pour la conservation de cette orchidée rare et celle de ses populations adaptées à deux habitats inédits.