Du défaut de paiement au dépôt de bilan : les banquiers face aux PME en difficulté

Résumé En Fr

From default in payment to bankruptcy : banks facing financially distressed small and medium firms This paper investigates the behavior of financially distressed firms and creditors from the time a default in payment occurs to bankruptcy. From a sample of firms that have filed for bankruptcy between november 1988 and January 1991, the study emphasizes the role of asymmetric information between the creditors and the firms (Hoshi-Kashyap-Scharfstein, 1990 ; Asquith-Gertner-Scharfstein, 1994). We describe the process leading to bankruptcy as a sequence of periods characterized by the emergence of signals of financial difficulties followed by banks reactions and firm decisions. The empirical analysis outlines the difficulties for banks to elaborate a diagnosis when information is asymmetric and costly. Whereas financial structure has already deteriorated, they wait until the first default in payment to review their judgment on the firm and collect more information. In response to creditors decisions banks may grant new credits only in the first two periods of financial distress, mainly when caused by a sudden deterioration of the economic environment. On the other hand, they attempt to disengage after the second period, particulary if financial distress is caused by an inappropriate management.

À partir d'informations comptables et de dossiers bancaires relatifs à un échantillon de PME ayant déposé leur bilan entre novembre 1988 et janvier 1993, on étudie les comportements de l'entreprise en difficulté et de ses créanciers durant la période qui sépare le défaut de paiement du dépôt de bilan, en mettant notamment l'accent sur les asymétries d'information entre les banques et les entreprises (Hoshi-Kashyap-Scharfstein, 1990 ; Asquith-Gertner-Scharfstein, 1994). On analyse le processus qui mène à la défaillance comme une succession de phases marquées par l'apparition de signes manifestes de difficultés, appelés « signaux » (défauts de paiement, conflits entre l'entreprise et ses partenaires...), auxquels correspondent des réactions de la part des banques et des décisions de l'entreprise. L'étude met en évidence les difficultés que rencontre le banquier pour établir un diagnostic dans un environnement où l'information est imparfaite et coûteuse à mobiliser. Alors que la situation économique et financière de l'entreprise s'est déjà sensiblement détériorée, ce n'est généralement qu'après les premiers défauts de paiement ou dépassements de découverts qu'il réagit. Face aux sollicitations des clients, le banquier ne consent de nouveaux crédits qu'au cours des deux premières phases de difficulté, essentiellement dans le cas où celles-ci proviennent d'une dégradation brutale de l'environnement. En revanche, il a tendance à se désengager à partir de la seconde phase, surtout lorsque les difficultés proviennent de choix de gestion inadaptés à moyen terme.