2008
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Olivier Garnier, « Du bon usage de la notation financière externe », Revue d'économie financière, ID : 10.3406/ecofi.2008.5214
À la suite de la crise du « subprime », de multiples propositions de réformes ont été avancées dans le domaine de la notation financière externe. Si bon nombre de ces propositions sont pertinentes ou mériteraient d’être étudiées plus en détail, on peut toutefois regretter qu’elles portent quasi exclusivement sur le fonctionnement des agences de notation et sur la nature de l’information que celles-ci fournissent : les problèmes liés à l’utilisation des notations par les diverses parties concernées (investisseurs et intermédiaires financiers, mais aussi régulateurs) sont largement laissés de côté. Cette négligence des questions d’utilisation des notations est tout à la fois excessive et dangereuse. D’une part, il serait abusif d’attribuer tous les dysfonctionnements observés aux seules agences de notation. En particulier, dans le domaine des financements structurés, beaucoup d’investisseurs se sont trop largement reposés sur les seules notations externes, sans faire leur travail interne d’analyse des risques : d’où les conséquences démesurées de la soudaine perte de confiance dans la qualité de l’information produite par les agences. D’autre part, et surtout, plus les notations externes servent de référence dans les normes prudentielles - ou plus elles acquièrent un statut réglementaire - plus les investisseurs sont incités à les utiliser de façon quasi aveugle en s’affranchissant de leurs propres responsabilités en matière d’analyse des risques de crédit. Encadrer davantage la notation financière risque donc de créer des effets pervers contre-productifs si l’on ne se soucie pas, d’abord, de revoir l’usage qui en est fait par les régulateurs et les investisseurs.