1983
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Michel Pépin et al., « Réglementation sociale et vie des entreprises : mise en œuvre des ordonnances de janvier 1982 sur les 39 heures et la cinquième semaine de congé », Économie & prévision, ID : 10.3406/ecop.1983.3258
Réglementation sociale et vie des entreprises : mise en œuvre des ordonnances de janvier 1982 sur les 39 heures et la cinquième semaine de congé, par Michel Pépin, Dominique Tonneau. Cette étude constitue le prolongement d'une recherche sur le comportement des entreprises face à la réduction de la durée du travail, menée en 1981 sur un échantillon d'une vingtaine d'entre elles, de caractéristiques très diverses. Après l'analyse des logiques de comportement a priori, cette nouvelle phase s'est attachée à l'observation, sur le même échantillon, de la mise en œuvre concrète des ordonnances de janvier 1982, essentiellement en ce qui concerne la semaine de 39 heures et la 5e semaine de congés payés. La réduction de la durée légale a entraîné, dans la très grande majorité des cas. une réduction concomitante de la durée réelle, mais celle-ci a pris de multiples formes. A s'en tenir aux aspects strictement économiques, les ordonnances semblent n'avoir eu que des effets limités : les répercussions sur l'activité ont été peu sensibles, contrairement aux craintes exprimées, mais, d'un autre côté, les créations d'emploi ont été peu nombreuses. Pour la majorité des entreprises, ce que nous avions appelé, dans l'étude précédente, la « logique des gains de productivité » a prévalu et a permis, malgré la compensation salariale totale (qui a été de règle), d'absorber les réductions d'horaires à coût pratiquement nul. Pourtant, les ordonnances ont eu des effets indirects non négligeables qui doivent être considérés dans la perspective d'une poursuite éventuelle du processus de réduction de la durée du travail. En effet, c'est à une profonde redécouverte du dispositif juridique accompagnant la notion de durée du travail qu'ont dû se livrer les partenaires sociaux lors de leurs négociations, et ce jusque dans les aspects les plus techniques : définition et calcul de la durée du travail, mode de calcul des droits à congés, etc. L'importance donnée à ces questions peut, dans une certaine mesure, expliquer le désenchantement relatif ressenti lors de la mise en place des 39 heures. Mais, simultanément, les discussions menées dans les entreprises ont, dans nombre de cas, permis de poser une problématique plus générale sur les liens entre durée du travail, organisation, emploi et efficacité de l'entreprise. Au total, cet apprentissage collectif constitue un acquis pour l'avenir.